L’interview de Mathias NICOT (Directeur)
Quelles sont les missions qu’exerce le service ?
Mathias NICOT (MN) : Nous gérons le traitement de tous les déchets ménagers et assimilés (OMr*, emballages ainsi que les flux de déchèteries), le transport, le transfert depuis les PAV* et le bas de quai de déchèteries. Pour celles-ci, nous gérons les contrats avec les éco-organismes. Nous accompagnons aussi nos collectivités adhérentes sur le sujet de la prévention, en portant un programme de prévention mutualisé, mais ce sont elles qui effectuent le travail de terrain.
Quels sont les enjeux de la gestion des déchets sur votre territoire ?
MN : Nous sommes un territoire rural, dispersé, et avec peu d’habitants. Territoire fortement engagé en tarification incitative depuis plusieurs années (sur nos 8 adhérents, 6 sont en TI*, représentant une grosse moitié de la population), donc les poubelles des habitants ont diminué significativement. Nous ne disposons pas d’équipements de traitement, et nos marchés arrivent à terme très prochainement (à la fin de l’année 2024). Pour leur renouvellement, nous travaillons sur 2 axes : s’associer avec des collectivités disposant d’outils de traitement ou souhaitant en créer, et lorsque ce n’est pas possible, rejoindre des solutions un peu plus éloignées, en maîtrisant toute la chaîne de transfert/transport.
Aujourd’hui nous fonctionnons avec des prestataires privés. Les enjeux principaux sont donc de trouver ces nouvelles solutions de traitement pour nos usagers et de maîtriser la jonction lorsque les installations sont un peu plus éloignées. Le volet déchèterie est aussi un enjeu important : les volumes ont beaucoup augmenté ces dernières années. Tous l’ont constaté, à fortiori dans les territoires en RI*. De nombreux bouleversements sont également à venir. Les objectifs essentiels sont : améliorer la qualité du tri en déchèterie, accompagner le déploiement des nouvelles filières REPs*, organiser le transport et le traitement. Nous avons commencé à conventionner avec les éco-organismes pour mobiliser les soutiens financiers.
Nous avançons au cas par cas avec chaque adhérent, pour trouver les solutions pour chaque flux. Le gardiennage est aussi une problématique car le métier a beaucoup évolué ces dernières années avec la multiplication des flux. De nombreuses adaptations sont donc à venir pour optimiser le fonctionnement de ces équipements.
Concernant le volet études, les dernières réalisées sont des études portant sur l’amélioration et la sécurisation des installations existantes et sur l’organisation des services, au niveau interdépartemental : optimisation des équipements et entraide entre syndicats. Nous ne nous sommes pas engagés sur le sujet des biodéchets car les attentes étaient trop différentes d’un territoire à un autre.
Quels sont les projets à court, moyen et long terme ?
MN : Les projets à court terme sont de sécuriser le traitement de nos OMr*. Actuellement elles vont à 100 % vers de l’enfouissement. Outre le volet environnemental, il y a de moins en moins de centres d’enfouissement, et certains sites de proximité ont fermé. Nous sommes en train de monter des partenariats avec 2 syndicats voisins (le SYVALOM* et le SMTOM* de Villerupt), pour orienter nos déchets vers de la valorisation énergétique (réseau de chaleur et production d’électricité) et du tri mécano-biologique transitoirement pour quelques années. À long terme, on s’orientera uniquement sur l’UVE*. Chacun est gagnant dans ce partenariat : cela nous ouvre des solutions auxquelles nous n’avions pas accès jusqu’à présent, et eux peuvent sécuriser le fonctionnement de leurs installations, face à la baisse globale constatée des ordures ménagères.
La ou les plus grande·s réussite·s du service sur les dernières années ?
MN : Le syndicat a été créé dans un contexte où il y avait très peu de concurrence en matière de collecte et de traitement des déchets ménagers. Un seul opérateur faisait quasiment tout. La 1ère étape a été de ramener de la concurrence, de faire en sorte qu’il y ait plusieurs offres sur les marchés lancés par les collectivités, et ainsi de revenir à des prix plus cohérents sur certaines prestations. Nous avions déjà atteint cet objectif lors du renouvellement de nos marchés en 2017.
Depuis 5-6 ans le contexte a de nouveau entraîné une raréfaction des installations et des prestataires en mesure de nous répondre. Donc, pour les prochaines conventions, la réussite a été de trouver de nouvelles solutions pour le traitement des OMr* et le tri des emballages : nous sommes engagés dans un partenariat avec le SYVALOM* et le SDED* 52 pour la création d’un centre de tri commun. Il s’agit de la modernisation du centre de tri existant sur le site de la Veuve, avec une mise en service prévue pour mi-2024.
Autre particularité de notre syndicat : nous renouvelons les marchés de collecte via des groupements de commande pour 7 de nos 8 collectivités, et nous les exploitons pour eux. Donc nous avons un pied dans la compétence collecte, mais toujours dans l’objectif de remettre de la concurrence là où elle manquait. Nous sommes en ce moment dans le renouvellement de ces marchés. Au global, en 2017 nous avons pu faire 10 % d’économies sur nos marchés (y compris les marchés de collecte de nos adhérents). Cette année on ne s’attend pas à avoir une baisse lors du renouvellement des marchés au vu du contexte, mais au moins à trouver de nouveaux exutoires plus vertueux.
Pour nos ultimes de déchèteries notamment, nous devons faire en sorte à la fois de réduire les volumes et aussi d’aller vers du CSR. Et ce n’est pas encore gagné de séparer tout ce qui est incinérable des ultimes.
L’ASCOMADE pour vous, c’est quoi ?
MN : J’y vois surtout une veille juridique, qui est indispensable et un appui technique lorsqu’on a besoin de trouver des informations. Le 2ème volet que j’utilise moins, mais que mes collègues utilisent beaucoup, c’est le volet partage, qui est intéressant : mise en relation avec d’autres collectivités et échanges sous différentes formes. Ce sont les 2 aspects qui me semblent importants et qui nous ont amenés à adhérer à l’ASCOMADE.
* OMr : Ordures Ménagères Résiduelles / TI : Tarification Incitative / PAV : Point d’Apport Volontaire / RI : Redevance Incitative / REP : Responsabilité Élargie des Producteurs / SYVALOM : Syndicat de Valorisation des Ordures Ménagères / SMTOM : Syndicat Mixte de Traitement des Ordures Ménagères / SDED : Syndicat Départemental d’Energie et des Déchets / UVE : Unité de Valorisation Énergétique